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- La jetée
Au bout de la jetée j’affronte l’océan
Comme un marin peureux dont les pieds restent au port.
Au bout de la jetée, décoiffé par le vent
Je respire l’infini, les abysses et la mort.
Quand j’ai besoin de paix
Et envie de rêver
Je vais boire le vent frais
Au bout de la jetée
Le monde des vivants reste au loin derrière moi.
Je ne vois que le ciel, l’horizon et les flots.
Sur cette immensité vogue un bateau parfois
Qu’escortent à la traine une nuée d’oiseaux.
Quand j’ai besoin de paix
Et envie de rêver
Je vais boire le vent frais
Au bout de la jetée
Assis sur le granit, blotti au pied du phare
J’ai oublié la ville, son tumulte et ses cris
Les vagues et l’horizon remplissent mon regard
Je n’entends que le vent, les oiseaux et la pluie.
Quand j’ai besoin de paix
Et envie de rêver
Je vais boire le vent frais
Au bout de la jetée
Des bateaux, en sortant, vont hisser leur grande voile
Qui frémit, impatiente, au large, de gonfler
D’autres, sur le retour, vont affaler la toile
Laissant à leur moteur la charge de rentrer.
Quand j’ai besoin de paix
Et envie de rêver
Je vais boire le vent frais
Au bout de la jetée
Là-bas, au loin, tout droit, nous attend l’Amérique
A plusieurs jours de mer on peut y arriver
Débarquer à New York, près de ses tours mythiques
Et, regardant à l’est, rêver de ma jetée.
Quand j’ai besoin de paix
Et envie de rêver
Je vais boire le vent frais
Au bout de la jetée
Mais la nuit va tomber et j’ai maintenant froid
Je me lève et repars vers la plage et la ville
Un goéland me suit et dans le ciel tournoie
Saluant mon départ par un cri presque hostile.
Quand je voudrai la paix
Chercherai à rêver
J’irai boire le vent frais
Au bout de la jetée
Tags : Jetée, Pierre Grave
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